• 1959 quand Simone Veil sauvait -très discrètement - des fellagas...

    1959 quand Simone Veil sauvait -très discrètement - des fellagas...

    Posté Par:Pieds Noirs 9A..

    Dans recherche en politique du monde Arabo- Musulmans...

    1959 quand Simone Veil sauvait -très discrètement - des fellagas ...

    1959 quand Simone Veil sauvait -très discrètement - des fellagas

    1959 quand Simone Veil sauvait -très discrètement - des fellagas

    A la suite de la disparition de Simone Veil, le 30 juin 2017 , Mohand Rachid Zeggagh, ancien conseiller du bureau politique du FLN - parti au pouvoir en Algérie - a envoyé la tribune suivante au « Monde Afrique ».

    Pour nous, plus de 500 militants FLN détenus dans la deuxième division de la prison de Fresnes, ce sont les deux grèves de la faim de juin 1959 (douze jours) et de juillet (dix-huit jours) qui nous ont permis de découvrir qui étaient le ministre français de la justice de l’époque, Edmond Michelet, et la magistrate détachée à la direction de l’Administration pénitentiaire (AP), Simone Veil. Nous apprîmes que tous deux étaient d’anciens déportés dans les camps de concentration nazis

    Les prisonnières, ses protégées. Quarante ans plus tard, j’ai interviewé, pour mon livre sur les prisonniers politiques FLN en France, Nicole Dreyfus, membre du collectif de nos avocats de l’époque et amie d’enfance de Simone Veil et de sa sœur Denise. C’est elle qui me révéla les efforts considérables déployés par Mme Veil, au risque de mettre à mal sa carrière de haut fonctionnaire, pour transférer en France les dizaines de femmes militantes du FLN qui croupissaient dans les geôles en Algérie sous un régime plus sévère que celui des prisons de métropole, puisque le pouvoir judiciaire y était entre les mains de l’armée. En tant que directrice de l’AP, Simone Veil diligenta plusieurs enquêtes sur la santé et le régime disciplinaire de ces femmes en Algérie. Tenace, déterminée, elle développa un argumentaire pour convaincre aussi bien le ministre Edmond Michelet que le cabinet du général De Gaulle de soustraire ces femmes militantes aux dangers multiples auxquels elles étaient exposées dans les prisons en Algérie, où les prisonniers étaient davantage soumis aux maladies, à la répression et même aux disparitions extrajudiciaires. Mme Veil était sincèrement à l’écoute des avocats qui lui faisaient connaître les mesures répressives, vexatoires et attentatoires à la dignité des prisonniers. Elle les recevait souvent pour recueillir leurs doléances et réagissait promptement en relayant avec conviction ces informations au ministre Edmond Michelet. Elle-même se tenait constamment informée de la situation par les enquêtes qu’elle avait ouvertes et par des déplacements sur le terrain. Après leur transfert vers les prisons de Rennes, Pau, La Roquette et d’autres villes, la directrice de l’administration pénitentiaire a continué de suivre de très près la situation de ces femmes. Nicole Dreyfus m’a raconté qu’il arrivait à Simone Veil d’interrompre ses vacances, laissant enfants et mari durant de longues heures sur un parking, pour rendre à celles qui étaient devenues ses protégées une visite inopinée. Elle ne se contentait ni des rapports périodiques arrivant sur son bureau au ministère, ni des conclusions des visites officielles pour juger des conditions de détention de ces femmes. Elle leur apporta son aide pour accéder à tous les livres d’étude qu’elles désiraient ; elle favorisa leurs démarches pour entreprendre des études de droit. D’ailleurs, plusieurs de ces détenues sont devenues avocates après l’indépendance. Cette attitude humaine de fraternité et de réconfort a été cruciale pour ces prisonnières, comme un antidote aux malheurs et aux souffrances .Pour ces Algériennes, Simone Veil symbolisait aussi l’importance de la lutte menée par des intellectuels comme Jean-Paul Sartre, Pierre Vidal-Naquet, Laurent Schwartz, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Françoise Giroud et tant d’autres. Lors de sa visite officielle en Algérie en tant que présidente du Parlement européen, après 1979, les militantes prisonnières qu’elle avait sauvées lui ont préparé une réception enthousiaste pour lui exprimer leur reconnaissance infinie.
    Gagner du temps pour éviter les exécutions. Certains condamnés à mort ont été sauvés par Simone Veil et par les prouesses de leurs avocats. Plus de 1 600 condamnés à la peine capitale attendaient dans les couloirs de la mort. Elle participa activement à différer au maximum les exécutions. Le ministère de la justice, Edmond Michelet en tête, freinait des quatre fers et repoussait l’instant fatal par tout ce qui ressortait de ses attributions. En accord avec le ministre, Mme Veil allongeait le temps de transmission des dossiers les plus exposés ou décidait de les différer dans l’attente d’autres éléments introduits par les avocats, afin de surseoir à l’exécution de leur client. La bienveillance de Simone Veil devenait, avec celle du ministre, la clé de l’espoir pour sauver une vie. Jamais le temps qui s’écoule n’a eu autant de prix. Je me souviens du premier exécuté en France, à la prison de la Santé, Belil Abdallah, surnommé par nous « Abdallah l’Indochine », qui était mon compagnon de cellule. Gagner du temps, toujours du temps, pour éviter l’irréparable. Dans de telles circonstances tragiques, pour nous et nos avocats, je peux le dire aujourd’hui, « le temps, c’était la vie ». Chaque jour gagné était pour nous l’aurore de l’espoir de survie. Que de prouesses furent accomplies par Mme Veil, à qui notre reconnaissance est acquise ainsi que celle de tous ceux qui étaient au courant de ce qu’elle a fait. Dans ce combat pour vaincre la mort, toute astuce et tout blocage « interstitiel » pour neutraliser « la veuve » (la guillotine) était recherchée par les avocats, dont les efforts étaient encouragés par la bienveillance de Mme Veil. Certains avocats, comme Nicole Dreyfus qui me raconta quarante ans plus tard ces grands moments d’humanité solidaire, n’ont jamais su combien furent sauvés, mais ils étaient certainement des centaines. Simone Veil entoura son rôle d’une discrétion à toute épreuve, par souci d’efficacité .


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