• Mars 1962 Massacre du FLN sur des civils innocents

     "Ô mon pays perdu"

    Le Général JOUHAUD, dans son livre "Ô mon pays perdu", raconte ces tragiques instants:
    "Des délégations de confession musulmane, représentant les différents douars de la commune, se désolidarisant des tueurs, se présentaient à la mairie de Mers-el-Kébir et demandaient au maire, M. Janvier Ferrara, de fraterniser avec la Communauté française, comme par le passé. Ils désiraient se rassembler avec leurs camarades français et défiler dans les rues de la commune, drapeau bleu, blanc, rouge en tête, sur l'initiative d'Européens qui s'étaient rendus auprès d'eux, pénétrant non armés dans les douars.

    Ainsi, après ces crimes monstrueux, une manifestation de solidarité franco-musulmane, sous les plis du drapeau français, pouvait encore avoir lieu, au grand étonnement, du reste, des pouvoirs publics. Ce qui frappait les observateurs était le nombre important de jeunes Musulmans, alors que, généralement, on s'accordait à les voir pencher vers le F .L.N . Ensuite, l'absence de tout incident avec un service d'ordre uniquement assuré par les civils Kébiriens, l'armée et la gendarmerie n'ayant déployé aucun dispositif spécial. C'était un miracle qui, sur place, frappa les autorités maritimes.

    Le commandant Biard, commandant le quartier, qui s'était porté en tête de la manifestation avec le maire Ferrara, l'adjoint Barthelemy, le responsable O.A.S. Saint-Dizier, chargea le commando O.A.S. Jaubert de protéger les Musulmans fidèles. Hélas! la presse française, trop généralement, ne releva pas ce symbole. Il était urgent de lâcher l'Algérie. Le sort réservé à ses habitants laissait indifférente la plus grande partie des métropolitains.

    Je tirais la leçon de cette journée dans une émission pirate passant sur toutes les chaînes :
    - Personne, plus que nous, ne peut déplorer le cycle des violences.
    - Personne, plus que nous, ne peut regretter les heurts entre communautés. Car nous seuls, Algériens, savons les atroces épreuves que nous avons endurées, que nous endurons toujours.

    En rappelant comment s'était développé, depuis 1954, le cycle des violences, je concluais :
    Et justement de Mers-el-Kébir, généreusement loué à la France pour quinze ans, car on loue maintenant le sol de la patrie, monte une grande leçon d'humanité et d'espérance: le beau rêve de fraternité retrouvée peut et doit, demain, être une magnifique réalité.

    On sait les faits: après l'odieux massacre par les fellagha d'une mère de famille et de ses deux enfants, les colères se déchaînaient; les pires violences risquaient de faire leurs ravages dans ce paisible village où vivaient, dans une parfaite harmonie jusqu'alors, les différentes communautés. Encore la violence! La violence. Quel autre moyen en vérité, de se défendre contre les hors-la-loi quand la Justice est désarmée et que les tueurs sont reçus par nos ministres?

    Or, qu'est-il arrivé? La grande majorité des Musulmans a crié son horreur du crime des fellagha.

    Ils étaient quatre mille, des vieux de 14-18 avec leurs décorations, des moins vieux de 39-45, des jeunes à peine parvenus à l'âge d'homme, qui chantaient " la Marseillaise " et brandissaient le drapeau tricolore.

    Ils étaient quatre mille qui ne craignaient pas d'être les victimes expiatoires d'une politique criminelle et qui disaient leur foi dans les destinées françaises de leur petite patrie.

    L'un d'eux, du haut d'une estrade, a proclamé: 
    "Nous avons été frères. Il n'y a aucune raison que nous ne le restions pas toute la vie. Ceux qui ont poussé certains à faire ce qu'ils ont fait, Dieu les châtiera. Vive la France! Vive l'Algérie française!"

    Que chacun médite sur l'enseignement d'un tel exemple, manifestation d'un sentiment latent, anticipation d'un devenir plus humain, plus fécond. Il me laisse, quant à moi, les plus pures raisons d'espérer.

    J'adresse à toute la population musulmane et européenne de Mers-el-Kébir mes vives et affectueuses félicitations pour la belle leçon de fraternité et d'attachement à la France, qu'elle vient de donner.

    Et, avec une émotion bien profonde, j'adresse à M. Ortéga qui, des abîmes de son désespoir, a fait don de sa douleur à la patrie, l'assurance de mon admiration et de ma sympathie sincère."

    Général JOUHAUD
    Extrait.

    *
    MERS EL KEBIR le 3 Mars 1962
    Enterrement de la Famille ORTEGA 
    Photo A.D.I.M.A.D - M.R.A.F


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