• Hommage aux victimes du 26 mars 1962

    Hommage aux victimes du 26 mars 1962, massacrées à Alger par l’armée Française tirant sur les siens


    Hommage aux victimes du 26 mars 1962, massacrées à Alger par l’armée française tirant sur les siens

    J’ai retrouvé cette vidéo de la cérémonie organisée le 26 Mars 2016 à Marignane. Elle est tout à fait d’actualité.Afin que nul n’oublie. .
    Cérémonie organisée en Mars 2016 par Régis Guillem Président de l’Adimad-Mraf en hommage aux victimes du 26 mars 1962 à Alger

    Extrait de Et la levêche souffla sur Oran , du même Régis Guillem

    Extrait du chapitre 10, mars 1962

    Voir ici pour le commander 

    […]

    Ce lundi 26 mars 1962 se prépare rue d’Isly à Alger un nouveau massacre perpétrée par l’armée française contre des civils non armés: femmes, enfants, vieillards, défilant drapeau tricolore en tête.

    « Halte au feu, nom de Dieu, halte au feu… » Tel est le cri de déses- poir que lance un civil au jeune lieutenant Ouchène qui commande les tirailleurs.

    Il fait beau ce lundi ensoleillé; une foule calme, digne, où l’on sent passer le frisson de l’émotion, descend drapeaux tricolores en tête le boulevard Laferrière. Il y a beaucoup de jeunes visages, aussi résolus que ceux de leurs aînés, une jeunesse – notre jeunesse – prête à se sacrifier.

    Les Algérois vont soutenir leurs frères de Bab-El-Oued, devenu quartier martyre, assiégé par les forces de l’ordre depuis vendredi. Les autorités militaires ont décidé d’en finir avec ceux qui refusent le « ces- sez-le-feu » du 19 mars. Tous les moyens sont bons; tout comme à Oran, l’aviation française lâche ses roquettes sur les terrasses de Bab el-Oued, mitraille les façades faisant au moins une centaine de morts.

    Les autorités militaires déclareront la même version que celle faite à Oran : « Ce ne sont que des tirs d’intimidation dans la mer… »

    Les habitants du quartier sont coupés du reste de la ville et ne reçoivent que peu de vivres. Les CRS, les gendarmes, multiplient les perquisitions, mettant à sac les appartements, exerçant des sévices sur de nombreuses personnes.

    Alger vole au secours des insurgés. Personne n’est armé, sinon de gerbes de fleurs et de drapeaux. L’armée ayant interdit toute mani- festation, barre tous les accès menant au plateau des Glières où les manifestants doivent déposer une gerbe.

    Les ordres sont clairs « vous devez bloquer le square Laferrière ; si les manifestants insistent, ouvrez le feu… »

    Il est 14 heures. Un premier barrage, rue Charles Peguy, est franchi sans encombres, on fraternise avec les soldats.

    Les manifestants piétinent maintenant devant la Grande Poste.

         

    Le silence se fait, on s’approche du barrage de la rue d’Isly.

    Les soldats sont des tirailleurs du 4e RT armés de fusils et de fusils- mitrailleurs; tous semblent nerveux. Qui donc a pris la responsabilité de confier le service d’ordre à des soldats musulmans, non formés au maintien de l’ordre, en majorité des anciens rebelles ralliés, harassés par de longs mois dans le bled, au moment même où la tension entre Européens et musulmans est des plus fortes ?

    Était-ce de l’inconscience ou de la malveillance ? Cette interrogation restera à jamais posée et n’obtiendra sans doute jamais de réponse.

    La foule est toujours aussi calme; soudain fusent de toutes parts La Marseillaise, Les Africains, entrecoupés de « Vive l’Algérie française ». L’émotion est à son comble. L’officier de tirailleurs, un jeune kabyle d’apparence européenne, laisse passer individuellement une trentaine de personnes, porte-drapeaux en tête; les autres, encouragés, se rap prochent du barrage. Le drame éclate en une fraction de seconde. Des tirs sporadiques crépitent en direction des manifestants ; il est 14 h 45.

    La tuerie dure douze minutes.

    Chacun se plaque au sol, se réfugie sous les coches aux portes obstinément fermées; on se jette sur des proches pour les protéger du feu meurtrier, dérisoire protection. Certains blessés, agonisants, sont achevés malgré les appels à la pitié; des secouristes sont tirés comme des lapins. Les ambulances et les pompiers, toutes sirènes hurlantes, sont également criblés de balles. Rien ni personne n’aura été épargné.

    Au-delà des hurlements de la foule et des détonations, des cris déchirent l’air : « Pour l’amour du Ciel, mon lieutenant, dites-leur d’arrêter ! » ; « Halte au feu, halte au feu… Mon lieutenant, de l’énergie bon Dieu! ». Le jeune lieutenant s’élance et, les larmes aux yeux, s’époumone : « Halte au feu, au nom de la France, halte au feu... »

    Mais qui pourrait l’entendre tant le fracas des armes et les hurlements couvrent sa voix ?

    Soudain, de la même façon qu’ils ont commencé, les tirs cessent. Des pleurs, des gémissements, le silence des morts. Partout des mares de sang qui brille au soleil, des pantins désarticulés jonchent les trottoirs, les marches de la Grande Poste.

    On relève 46 tués et 200 blessés; beaucoup décédèrent en arrivant à l’hôpital ou dans la vingtaine de camions militaires qui, dans un « funèbre ballet » incessant de 25 minutes, emmènent les corps vers la morgue de l’hôpital Mustapha. Au total on dénombrera 80 morts.

    Partout c’est la stupeur ; les gorges se nouent. L’armée française a tiré sur des Français, l’armée française a tiré sur des civils non armés, l’armée française a tiré sur des manifestants qui chantaient l’hymne national. L’impensable est réalité. La haine envahit les cœurs, mais surtout un immense désespoir, le sentiment que cent trente ans d’histoire française se sont, d’un seul bloc, écroulés sur nos épaules.

    La plaie est désormais béante et ne se cicatrisera jamais. Henry Tanner, du New York Times, écrit :

    On a vu les soldats tirer à bout portant dans la foule avec des armes automatiques. Les militaires installés sur les trottoirs ont éga- lement ouvert le feu. Quelques-uns des soldats ont vidé des chargeurs entiers. D’autres épuisaient le magasin de leur mitraillette et le réapprovisionnaient encore. On vit un officier arracher des mains d’un soldat la bande de cartouches qu’il s’apprêtait à engager.

    John Wallis, du Daily Telegraph, décrit l’horreur avec ces mots :

    Personne ne semble avoir su qui a tiré. Une chose est sûre: c’est que le premier coup de feu n’est pas venu des manifestants. Les soldats ont ouvert le feu sur la foule placée à quelques mètres devant eux. Certains se retournèrent et mitraillèrent dans le dos des manifestants qui les avaient dépassés.

    Ici, à Oran, c’est un paysage de guerre qui s’offre à mes yeux alors que je traverse la place des Victoires ; place d’Armes on peut apercevoir des chars, des bus criblés de balles gisent sur la chaussée. Il est vrai que la bataille d’hier a été des plus rudes et les dégâts visuels sont là pour attester de l’âpreté des combats.

    […]

    Moktar

    Je n'oublierai jamais ce que nous, Pieds-Noirs, avons vécu en Algérie. Comment ils ont transformé un paradis où nous vivions en bonne intelligence entre catholiques, juifs et musulmans en boucherie...


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