• Honte à ce journal sans gène.

    Émile caricaturé par Charlie Hebdo : y a-t-il des limites à l’ignominie ?

     ©Shutterstock

     Marie Delarue  

    Bastion de la gauche morale et bien-pensante, Charlie Hebdo fait son miel des fonds éculés de l’humour trash

    Autrefois satiriquement révolutionnaire dans l’esprit, c’est aujourd’hui un temple du conformisme branché. Tendance anticléricale-caca-bite-couille, et surtout anti-droite et anti-catho.

    Mais le conformisme ricaneur finit par lasser ; les fans chevelus ont vieilli et l’humour à deux balles des révolutionnaires en peau de lapin ne fait plus rire grand monde, alors il faut en rajouter. Faire monter la sauce. D’où la surenchère dans l’ignominie avec la caricature du petit Émile, le bambin disparu, sous le titre « Le jeu de l’été : où est le petit Émile ? » Détournant la photo de l’enfant, sa fleur sur l’oreille, le dessinateur Félix écrit : « Un indice : les ânes aiment beaucoup les pissenlits. »

    À ce sujet — [EDITO] Que la famille d’Émile soit de droite ou de gauche, quelle différence ?

    Cela fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux, avec des commentaires à part égale entre « Vous êtes des ordures » et « C’est dégueulasse ». C’est plutôt rassurant sur l’état d’esprit général des Français.

    Certains osent alors dire ce qu’ils taisaient hier par crainte de se voir étiqueter facho : « Je ne suis vraiment pas Charlie. »

    Car on le sait tous, depuis l’attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, c’est une injonction morale à laquelle nous devons tous céder : il faut « être Charlie ». Et gare à qui y dérogerait. Car « être Charlie », c’est de facto être dans le camp du bien, de l’ouverture, de la culture, du partage, de la diversité, de l’humour, de la finesse, de l’esprit…

     

    Tout au plus a-t-on le droit de rire un peu jaune, mais attention : pas question de critiquer. Car Charlie, c’est LA liberté. Ainsi, les confrères qui osent écrire deux lignes sur le sujet du jour se gardent bien de prendre parti, écrivant seulement que cela « ne manquera pas de relancer l'éternel débat sur la liberté de la presse ».

    On attend en vain une réaction du ministre de l'Éducation nationale M. Pap Ndiaye et de sa collègue à la Culture Rima Abdul-Malak, deux grands spécialistes du sujet, mais elle tarde à venir. Soyons-en même sûrs : elle ne viendra pas.

    Qu’une famille torturée par l’angoisse de la disparition d’un enfant de deux ans et demi soit traînée dans la boue leur est indifférent. Qu’elle le soit parce qu’elle est chrétienne, catholique pratiquante et « de droite » leur semble sans aucun doute un bon motif pour le faire. Une justification, même.

    Pap Ndiaye et Rima Abdul-Malak pensent que CNews et Europe 1 sont des dangers pour la démocratie, tout comme Valeurs actuelles ou Boulevard Voltaire, qu’ils aimeraient bien rayer du paysage. En revanche, qu’un titre comme Charlie Hebdo attise la haine sociale en se drapant dans les oripeaux du martyre reçoit assurément leur bénédiction : celle de la lutte globale contre « l’extrême droite », ce marécage où ils renvoient ceux qui s’écartent du dogme. Facile. Et limité.


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