Un professeur d’université algérien, qui a préféré rester « anonyme », et je le comprends parfaitement s’il souhaite conserver sa liberté d’expression, a déclaré le 23 décembre 2022, par vidéo, le discours suivant qui pourrait donner quelques leçons à notre président de la République et à son « Historien » officiel, Benjamin Stora.
« L’Algérie un pays immense, le plus vaste pays d’Afrique, au climat et au relief très diversifié, très riche, au bord de la Méditerranée, face à l’Europe, au cœur du Maghreb, peuplé majoritairement de jeunes et dont les ressources naturelles sont très abondantes. Il a hérité du colonialisme de nombreuses villes et presque toutes ces villes avec des infrastructures aux normes de l’Europe. Son peuple s’est libéré de ce même colonialisme par un combat épique, admirable, qui a suscité l’admiration du monde entier. En somme un pays de cocagne très prometteur au lendemain de l’indépendance et qui aurait pu devenir, en très peu de temps, un pays modèle, une destination multiple, touristique, économique, voire même migratoire.
« Le résultat que nous pouvons observer aujourd’hui est une faillite totale »
Main mise de l’armée sur le pouvoir, des élections frauduleuses, un président et des institutions non représentatifs, grave défaillance de tous les secteurs de l’État, des « barons » du régime et leur famille contraints d’aller se soigner à l’étranger, un système scolaire naufragé et en délicatesse urbanistique dans toutes les villes. Un ancien bâti qui tombe en ruine, un patrimoine architectural et antique ravagé, un secteur privé prédateur, un réseau routier qui semble avoir été bombardé, des servitudes publiques très mal assurées, pénurie d’eau, pénurie de lait, inflation galopante, un ramassage des ordures ménagères très défaillant, qui a transformé le pays en une immense poubelle, un chômage qui fait des ravages, une misère qui explose, la corruption et le mensonge intitulés en système de gouvernance avec contrôle total sur une presse pléthorique et mercenaire, une justice aux ordres et donc une répression très dure et surtout une épouvantable dégradation des valeurs civiques, un incivisme à peine imaginable pour qui ne connaît pas ce pays.
Ajouter à cela une hémorragie des cerveaux vers les pays occidentaux et un phénomène de la « harga » qui laisse penser à un « beat people » en gestation. Et ce ne sont là que les aspects visibles de ce merveilleux pays que le pouvoir a transformé en enfer où un très grand nombre de ses habitants ne rêvent plus que de pouvoir s’en arracher.
Voici entre autres pourquoi le pouvoir donne la vraie mesure de ceux qui le détiennent et voici ce qu’ils ont commis sur ce malheureux pays. Inutile donc d’épiloguer plus avant. »
Je suis persuadé que Boualem Sansal, Kamel Daoud et quelques rares autres seront, tout comme moi, totalement d’accord avec ce professeur qui, c’est une certitude, ne fera pas partie des « historiens » retenus par le gouvernement algérien face aux « soi-disant » historiens de l’Algérie, en faveur auprès d’Emmanuel Macron, à l’exception de Jean-Jacques Jordi bien sûr.
Manuel Gomez
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