Provoquer une réaction disproportionnée de la Russie?
Aymeric Chauprade monte trop rapidement rapidement à l’extrême. Un attentat terroriste vise un effet psychologique évident: provoquer l’adversaire pour le faire réagir de manière disproportionnée.
Et nous autres Occidentaux, nous avons tendance à suivre parce que toute notre culture politique et militaire depuis trente ans nous y pousse. Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ont réagi de manière monstrueusement disproportionnée. A la fois destructrice et inefficace puisque, vingt ans après, les Américains ont dû quitter l’Afghanistan qu’ils avaient envahi en représailles.
Demandons-nous quel est l’objectif ukrainien. En fait, il est triple:
+ provoquer symboliquement la Russie et plus particulièrement le président Poutine, dont le pont est l’une des réalisations majeures. Il s’agit de l’humilier devant l’opinion mondiale – en fait devant l’opinion occidentale.
+ renforcer l’enchaînement de la violence. L’espoir est sans aucun doute de provoquer des représailles massives qui pourront justifier le maintien de toute la communauté occidentale dans la guerre, par solidarité avec un pays dont la Russie détruirait (à l’américaine) systématiquement les infrastructures.
+ il s’agit bien sûr aussi de donner l’impression que l’effort militaire ukrainien ne baisse pas d’intensité – alors que les offensives dans la région de Kharkov et celle dans la région de Kherson ont marqué le pas ces derniers jours.
Ne soyons pas dupes de la stratégie atlantiste, qui relève souvent plus de la propagande que de la guerre. On remarque depuis une semaine sur les réseaux sociaux, y compris chez des individus qui jugent sévèrement le comportement de l’OTAN et du gouvernement de Kiev, un alarmisme qui, de mon point de vue, ne devrait pas.
Semer la panique fait parti du bellicisme occidental ambiant. Ne tombons pas dans le piège.
Sur le pont de Kertch comme sur d’autres provocations ukrainiennes, il est probable que la riposte russe soit différée et proportionnée.
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