• Le Nobel à Annie Ernaux : la star des rectorats l’emporte sur celle des librairies, Houellebecq

    C’est un Nobel consolateur pour nos intellectuels français de gauche. Un Nobel câlin, bienvenu dans le concert de claques qui s’abat sur le mélenchonisme depuis son entrée au Parlement. Non, la gauche des années 70 n’est pas tout à fait bottée hors de l’Histoire ! La preuve ? Annie Ernaux vient de décrocher le Nobel de littérature. L’écrivain, soutien passionné de Mélenchon durant la dernière présidentielle, reçoit donc, à 82 ans, la récompense suprême, saluée avec émotion par son maître.

    Annie Ernaux double au portillon… l'écrivain Michel Houellebecq, pressenti depuis des mois pour cette distinction. Et pourtant... Houellebecq a saisi comme personne le désespoir de nos contemporains. Des hommes ou des femmes que le « progrès » tant espéré par Annie Ernaux et ses amis ont plongés dans le désespoir. Le héros de Houellebecq vit sous le ciel bouché par l’école de réalisme plat du Nouveau Roman. Il respire dans les ruines accumulées par cette incroyable démolition civilisationnelle poursuivie des décennies durant. Il incarne l’errance et le malheur des enfants littéraires d’Annie Ernaux. À elle, la gloire du Nobel. À lui, l’invention et la lucidité que le temps reconnaîtra.

    Mais tout travail de destruction mérite salaire et il faut reconnaître qu’Annie Ernaux s’est donné du mal. Elle doit beaucoup à la gauche et à… l’école.

    Reconnaissante, elle a tenu à leur rendre les bienfaits dont ils l’ont comblée. « Je m’engage car j’ai honte de voir le néolibéralisme détruire les individus et leur environnement, d’entendre des messages de haine contre une partie de la population, et honte de ne rien dire, de ne rien faire », expliquait-elle en rejoignant le Parlement de l'Union populaire et en affichant son soutien au programme L'avenir en commun de Mélenchon, en 2021. À la revue Politis, elle confie : « Être de gauche, c’est un regard sur soi et sur le monde, sur soi dans le monde : voir l’Autre, qu’il soit malien ou chinois, hétéro ou homo, catholique, juif ou musulman, gitan, SDF, voire criminel, pédophile, comme d’abord semblable à soi et non pas d’abord différent, d’abord étranger. » Original. Jamais vu, même ! Du grand Annie Ernaux.

    Pour être adulée des cerveaux politiquement corrects, Annie Ernaux a tout fait bien comme il faut, soulignant les titres en rouge, en première de la classe appliquée. Elle s’est racontée jusqu’à plus soif, au fil de ses livres. « Récapitulons, écrivait Frédéric Beigbeder dans Le FigaroEn un demi-siècle, Annie Ernaux a successivement écrit sur son père, sa mère, son amant, son avortement, la maladie de sa mère, son deuil, son hypermarché. » L’excellent Beigbeder a oublié le récit de ses origines modestes, sa première expérience sexuelle ou sa lutte contre le pouvoir des hommes. Le tout sans distance, sans ironie, sans élévation, sans souffle, sans drôlerie. Scolaire. Bien sage, bien lisse, bien comme il faut.

    Banco ! Elle est devenue l’idole des rectorats de province. Lue en classe, donnée au bac de français à une cadence jamais vue, présentée comme un immense auteur par tous les professeurs de lettre gauchistes, Annie Ernaux a vendu moins de livres que Houellebecq mais elle a fait un carton chez les élèves de terminale. Bien obligés d'acheter ses œuvres… Frédéric Beigbeder (encore lui), visionnaire, s’en régala dans Le Figaro, en 2016 : « Il semble que la célébration de Mme Ernaux soit devenue obligatoire en France. Son dernier livre, Mémoire de fille, est unanimement salué par une critique béate. Le public suit. Les éditions Gallimard ont rassemblé son œuvre en un gros volume sous le titre Écrire la vie. La Pléiade est pour bientôt, le Nobel imminent, l'Académie s'impatiente et ma fille l'étudie au lycée. Une suggestion à François Hollande : ouvrir le Panthéon aux vivants, spécialement pour Mme Ernaux. Seul Maxime Gorki a connu une gloire comparable, dans l'URSS des années 30. Il est permis de se méfier d'une telle sanctification collective. »

    Ce parcours de bonne élève s’est appuyé sur l'accélérateur de carrière des écrivain de gauche : la pétition. Lors du scandale né de la parution du texte sur le terroriste suédois Breivik, elle n’écouta que son courage et lança une pétition dans Le Monde expliquant pourquoi « le pamphlet fasciste de Richard Millet déshonore la littérature ». Elle fut aussitôt soutenue par la quasi-totalité de ce que la France compte de Trissotins des lettres. Ce qui fit le régal de Patrick Besson dans Le Point.

    Restait à Annie Ernaux à soutenir les gilets jaunes ou à pétitionner en faveur de la militante indigéniste Houria Bouteldja. À cette copie parfaite, il ne manque que le courage, la lucidité et le génie. C'est à dire rien, apparemment, pour le jury du Nobel.

    Marc Baudriller

    Source : http://bvoltaire.fr


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  • Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’La Macronie ne débat pas, ELLE AFFIRME. La Macronie ne discute pas, ELLE IMPOSE. La Macronie ne doute pas, ELLE MORALISE.’


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  • Russie : la société et le changement de statut de l'opération militaire

    Aujourd'hui, Vladimir Poutine vient de signer la loi portant intégration dans la Fédération de Russie des quatre nouveaux territoires, que sont la République de Donetsk, la République de Lougansk et les régions de Kherson et de Zaporojie. A ce jour, toute une partie des frontières étatiques russes entre dans une zone grise, puisque ces territoires sont contestés, en partie désormais "occupés" et l'on attend une intervention du Président russe sur l'avenir (et le changement de statut) de l'opération militaire. Or, la question du soutien populaire est ici très importante. Revenons donc sur les éléments d'analyse sociologique de cette Ô combien délicate question.

    L'on regrettera tout d'abord qu'à ce jour, le site du Centre d'analyse sociologique Wciom ne donne plus de données, quant au rating des institutions et des politiques à compter du 25 septembre. En revanche, des analyses plus complètes et thématiques sur les referendums sont disponibles : 77% estiment que les référendums se sont déroulés normalement, sans violation sérieuse, et 75% sont favorables à l'entrée de ces territoires en Russie. Autrement dit, la légitimité intérieure de ce processus est établie.

    Dans une interview du 27 septembre, le directeur de cet institut revient sur certains éléments intéressants :

    "Valery Valeryevich, près d'une semaine s'est écoulée depuis que le président a annoncé la mobilisation partielle. Comment les Russes ont-ils réagi ?

    - Ils étaient tendus, méfiants. Si nous savons que la majorité des Russes soutiennent l'opération militaire spéciale et ont déjà une opinion formée sur le sujet, alors la question de la mobilisation est nouvelle et pas très claire, d'autant plus que la dernière mobilisation a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale. Ni la génération actuelle ni les deux générations précédentes n'ont connu cela. Comme, d'ailleurs, et les bureaux d'enregistrement et d'enrôlement militaires, qui sont appelés à la mettre en œuvre. Il y a aussi beaucoup de peurs, d'erreurs et de maladresses. (...) Néanmoins, la majorité des Russes étaient favorables à la décision du président. Elle est dure cette décision, mais nécessaire. Les militaires en parlent depuis longtemps, mais jusqu'à récemment, les autorités ont essayé de l'éviter. Nous n'en avons plus les moyens, nous n'avons pas le droit de perdre en Ukraine, un tel scénario serait le pire de tous."

    Quant au soutien apporté, une étude sociologique intéressante marque la frontière de l'âge : les plus jeunes, la génération TikTok et Instagram décérébrée, fuient la réalité, quand les plus de 44 ans comprennent mieux les enjeux et soutiennent donc la décision.

    "La mobilisation partielle annoncée par le président Vladimir Poutine en Russie est soutenue par 64% des citoyens, 31% des personnes interrogées ne la soutiennent pas et 4% ont du mal à répondre. Cela découle des résultats d'une enquête menée par le groupe de recherche Russian Field. 1610 répondants y ont participé du 29 septembre au 1er octobre.

    Les auteurs de l'enquête notent la différence d'attitude à l'égard de la mobilisation entre les jeunes et les représentants des générations plus âgées : chez les jeunes de 18-26 ans, plus de 50% s'opposent à la mobilisation partielle, tandis que plus de 70% des sondés de plus de 44 ans soutiennent cette décision."

    L'on voit avec cette fracture, à quel l'infantilisme a été parfaitement introduit en Russie grâce aux réformes successives et destructives de l'enseignement, l'addiction aux réseaux sociaux, l'acculturation en cours de généralisation et l'implantation du culte individualiste. Car désormais, le plus important dans une société occidentalisée, c'est Moi et mon plaisir. Et il est criminel de toucher à mon plaisir. Il n'y a plus d'obligation envers la société, il n'y a que des caprices, devant être garantis par des droits. Cette culbute idéologique est présente dans tous les pays occidentaux, elle l'est aussi en Russie. Mais dans les circonstances actuelles, elle est en Russie beaucoup plus dangereuse.

    Parallèlement à cela, une raison intéressante de refus est majoritairement avancée, celle d'une armée professionnelle. Et il est vrai que ces derniers temps, l'on voit le mal qui a été fait à l'armée par sa "désoviétisation" depuis 30 ans, c'est-à-dire par sa réduction en hommes, par sa contractualisation et l'idée que la technologie est plus importante que les soldats. Comme l'expérience le montre, il est certes possible de tirer des missiles à droite et à gauche, mais cela ne change pas stratégiquement le cours de la guerre, s'il n'y a pas d'hommes pour tenir le terrain. Hier, le ministre russe de la Défense a annoncé le recrutement de 200.000 personnes dans le cadre de la mobilisation partielle, qui sont en cours de formation.

    Je voudrais citer un extrait de la publication d'un correspondant de guerre, Kots, qui s'interroge aussi sur les raisons du recul de l'armée russe depuis l'offensive ukrainienne de Kharkov :

    "Dans beaucoup de nos secteurs, disons, la fatigue s'est installée après une longue période offensive, au cours de laquelle de vastes territoires ont été libérés. Mais il n'y a plus de force pour les tenir.

    Pourquoi donc? Parce qu'il n'y a pas assez d'hommes. Bien que, bien sûr, dans les «départements de direction», tout avait l'air différent. Ces gifles étaient nécessaires pour que tout le monde comprenne comment ça se passe vraiment. Après cela, ils ont annoncé une mobilisation partielle.

    L'ennemi, d'autre part, amène des réserves préparées au combat, possède un avantage à la fois en main-d'œuvre et en renseignement. Le temps qui a passé en retraite et sur la défensive, Kiev l'a utilisé pour préparer de nouvelles unités prêtes au combat.

    Vous pouvez saupoudrer des cendres sur votre tête et vous arracher les poils du torse en criant "Tout est perdu !", mais maintenant, nous devons faire la même chose - préparer des gens, pour les introduire dans les unités évidées. Résoudre les problèmes de collaboration et de communication. Assurer les arrières.

    C'est parti maintenant de Kremennaya à Svatovo. Je ne vois pas non plus de panique, de haine. Les hommes se préparent à de lourdes batailles pour le territoire de la Fédération de Russie. Que nous devrons reconquérir, lorsque la crise opérationnelle de l'opération spéciale militaire sera surmontée."

    Le soutien de la population pour l'intégration des nouveaux territoires est réel et sensible au quotidien, ici, au-delà des chiffres annoncés. Les gens comprennent, que dans ces territoires vivent "les siens" et qu'il faut les protéger - et le meilleur moyen de les protéger est d'intégrer ces territoires à la Russie. Le soutien est également fort envers la décision de mettre en œuvre cette opération militaire (70-73%), car l'idée est bien celle de la défense du territoire. Mais les gens ont du mal à passer de l'abstrait (la défense de la Patrie, des siens) au concret - envoyer son fils ou son mari se battre, y aller soi-même. La société actuelle n'est plus une société holiste et le patriotisme, même en Russie, n'est pas celui de la Seconde Guerre mondiale, ni dans les élites, ni dans la population. Ce changement de paradigme va être un élément de poids dans la poursuite des opérations militaires qui, à en croire par le jusqu'au-boutisme atlantiste, n'est pas prêt, malheureusement, de se terminer rapidement.


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  • Hôpital de Vire : La direction refuse de rallumer le chauffage : « On a relevé 15°C dans une chambre »

    Le vendredi 30 septembre 2022, le chauffage a été brutalement coupé au centre hospitalier de Vire Normandie (Calvados). Dans certaines chambres des Ehpad, les températures sont descendues à 15 °C. Les soignants et les syndicats dénoncent de « mauvaises conditions de travail » et des conditions d’accueil des patients « déplorables ».

    Des soignants ont relevé 15 °C degrés dans la chambre d’un patient du centre hospitalier de Vire Normandie.

    « C’est de la maltraitance ! Depuis six jours, il n’y a plus de chauffage dans le centre hospitalier de Vire Normandie (Calvados). Chaque jour, plusieurs relevés de température sont effectués. On a relevé 15 °C dans la chambre d’un patient de l’Ehpad Charles-Canu en journée. » Cette infirmière, membre de la CFDT, est révoltée par la situation qui touche l’hôpital depuis le vendredi 30 septembre 2022.

    Alors que le chauffage fonctionnait depuis au moins quinze jours dans les services, il s’est arrêté brusquement. "Au début, on a pensé à une panne"

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