• Énarques ou prolos, qui sont les plus cons des deux ?.

    Par :Eric Verhaeghe..

    Cette semaine, ma productivité pour le Courrier a baissé, car j'ai occupé deux soirées à des missions "de terrain". 
     
    Jeudi, j'ai participé aux vingt ans de ma promotion d'ENA. Vendredi, j'ai écumé les bars d'Abbeville, dont je suis un habitant intermittent. Deux lieux, deux événements, deux populations, deux ambiances. Et, en rentrant chez moi, je n'ai pas eu de peine à comprendre dans quel camp se trouvaient les plus cons.
     

    Parfois, le passage d’un extrême à l’autre permet d’éclairer brutalement des aspects invisibles de la réalité. C’est en glissant d’un milieu à son contre-milieu que les ombres apparaissent sur des visages trop lisses, trop connues, et qu’une profondeur de champ inattendue se dégage sur ce que l’on croyait connaître. 

    C’est un peu l’expérience qui m’est arrivée cette semaine, et qui explique que j’ai moins écrit pour le Courrier ces derniers jours. Jeudi soir, je participais à Paris à l’événement marquant le vingtième anniversaire de promotion d’ENA. Ce pince-fesses avait lieu dans un hôtel particulier du seizième arrondissement. Le lendemain soir, j’écumais les bars d’Abbeville, petite sous-préfecture de la Somme dont le député est François Ruffin. 

    Cette confrontation des extrêmes donne au fond une belle photographie des divergences, des distances, des incompréhensions, qui fracturent notre pays.

    L’énarque, ce funambule en suspens qui n’a pas vérifié son harnais

    Fêter les 20 ans de ma promotion ENA était, c’est vrai, une corvée, dont je me suis dispensé il y a dix ans, et à laquelle je me suis collé cette année par curiosité.

    Je suis sorti de l’ENA en 2002, à une époque où l’on pouvait encore croire au destin de l’Europe et de l’euro, au progrès de la démocratie, et à quelques petites naïvetés de ce genre. Vingt ans plus tard, l’Europe est en guerre, les finances publiques sont en ruine, la zone euro est en quasi-récession, et l’abstention record illustre les tensions propres à notre démocratie : c’était le moment de prendre la température de la caste. 

    Sans enthousiasme, donc, je me suis cherché un costume à peu près correct pour rejoindre mes anciens petits camarades et voir à quoi ils ressemblent désormais. Et le résultat m’a, je dois le dire, un peu consterné. 

    Pour donner un tableau général de ce que j’ai vu, je dirais avec une petite paresse facile que l’événement se situait entre la scène de ripaille de E la nave va de Fellini et une soirée de vœu à la Chancellerie de Hitler en janvier 1943, c’est-à-dire quelques semaines avant la défaite de Stalingrad. Tout le monde affiche une mine réjouie, évoque les bons souvenirs, dresse un tableau épique et picaresque des grandes victoires engrangées, de la prospérité du pays retrouvée grâce au NSDAP, et surtout, les mouches à merde qui posent les questions qui fâchent sur les signaux de plus en plus nombreux d’une défaite imminente sont considérées au mieux comme de grossiers personnages, au pire comme des ennemis à fusiller dans la cour séance tenante. 

    Bref, une soirée énarchique n’existe que comme célébration des grandes victoires remportées par la caste mondialisée sur l’obscurantisme, et toute forme d’esprit critique expose au bannissement. 

    Combien de temps la béatitude peut-elle durer ? Je n’ai rencontré, ce soir-là, que peu de camarades prêts à reconnaître que la fête aurait peut-être une fin… plus rapide qu’ils ne l’imaginent.

    Triomphe de la platitude et de la cécité

    Je ne me souviens plus de tout quant aux détails de ma scolarité à l’ENA (il me faudrait plus de temps pour rassembler mes souvenirs, sans doute), mais j’ai conservé intact la diatribe de l’une de mes camarades sortant de Sciences-Po et finalement sortie au Conseil d’Etat, dont la carrière a connu un bond spectaculaire grâce à François Hollande dont elle fut conseillère à l’Elysée. L’impétrante ne connaissait pas bien la différence entre Flaubert et Balzac et même, disons-le, confondait allègrement les deux. 

    Ce flou culturel m’a toujours paru illustrer assez bien le niveau moyen des énarques, qui sont (parfois) de bons chefs d’atelier bureaucratiques, mais qui ont une culture limitée aux petites fiches ingurgitées au kilomètre à Sciences-Po. J’ai d’ailleurs toujours eu l’intime conviction qu’il fallait payer la petite fiche ingurgitée par le science-pipoteur de base au même tarif qu’une gâterie déroulée par une Brésilienne au bois de Boulogne : ils deviendraient tous très riches dès le plus jeune âge, se détourneraient en masse de la carrière bureaucratique, et libéreraient ainsi le pays d’une infestation toxique. 

    De cette réduction massive de l’individu à un simple utilitarisme bureaucratique, on en trouve les preuves partout. Nous devions être moins de dix à ne pas porter, parmi les hommes, un complet bleu ou gris totalement passe-partout. Et, si je fais le compte de ma soirée, un seul de mes camarades a osé me parler de son opposition à la politique étrangère suivie par Emmanuel Macron.

    Massivement, l’énarchie aujourd’hui applique de façon zélée la politique gouvernementale, dans ses pires excès, sans se poser de questions métaphysiques. Certes, il y a bien des jeux de carrière, certains sont plus républicains ou plus socialistes que le Président, comme Vichy comptait des adeptes de Darlan, de Laval, ou de Bousquet. Mais, de même qu’aucun ne remettait en cause le Maréchal, aucun énarque aujourd’hui, parmi ceux qui sont en fonction dans l’active, n’exprime publiquement, sereinement, honnêtement, le moindre malaise vis-à-vis du naufrage en cours, considérant même que l’affaire est entre de bonnes mains, et que nous tenons le bon bout.

    Les trois sphères de l’ENA aujourd’hui

    De façon étonnante, quand même, il me semble que la morphologie générale de l’ENA a changé significativement en vingt ans. C’est peut-être une impression trompeuse, mais, sous l’effet des changements globaux, la biologie mute. 

    L’immense majorité des énarques (90% d’entre eux, pourrions-nous dire, à grosses mailles) exerce, vingt ans après sa sortie d’école, des fonctions subalternes de plus en plus marginalisées par la mondialisation. Il faut ici comprendre à quoi correspond la montée en puissance des Mc Kinsey et consorts : la définition stratégique de l’action publique est confisquée par la caste, et ceux qui en étaient chargés autrefois sont de plus en plus réduits au rôle de simples exécutants de feuilles de route définies ailleurs. 

    La règle de ces 90% est d’obéir aux ordres sans se poser de question. J’ai désespérément tenté d’obtenir d’un camarade juge administratif la moindre réflexion critique sur la soumission générale et silencieuse du corps auquel il appartient aux pires excès du macronisme, je n’ai obtenu que du déni mordicus, un sourire sardonique et une demande timide d’indulgence pour le jour où tout cela se terminera mal. Mais sa réponse ostinée est : “j’obéis, et je ne peux qu’obéir”. 

    Plus teigneux sont les anciens cadors du système qui n’ont pas bien négocié le virage de la mondialisation : les conseillers d’Etat devenus des dinosaures d’un vieux droit français balayé par l’Europe et les Etats-Unis, les inspecteurs des finances mal à l’aise en anglais, qui doivent se contenter de postes bidons de “chef de la mission d’audit interne de truc ou de machin”, qui sont autant de chômeurs déguisés à 15.000€ nets par mois, confortables donc, mais d’autant plus arrogants et haineux qu’ils sont aigris par leur progressive mise sur la touche. On en compte trois ou quatre par promotion, et ceux-là sont dangereux car leur ressentiment les bouffit de haine contre les “riens” de la France ordinaire, taxés de tous les maux. 

    Enfin, j’ai dénombré une poignée de vainqueurs, de membres réels de la caste mondialisée, qui fréquentent les forums de Davos, les réunions de Bilderberg, les instances onusiennes où l’argent coule à flot pour acheter les dernières résistances au système. 

    Mais, sur une cohorte de cent personnes, s’ils sont cinq, c’est déjà énorme, et peut-être même ne compte-t-on parmi eux qu’un ou deux oligarques réel(s).

    Les progrès fulgurants de l’atlantisme

    Je manquais peut-être de lucidité il y a vingt ans, mais il me semble quand même que, en 2002, j’eusse anticipé beaucoup plus de résistance assumée et ouverte à l’ordre américain que je n’en ai vu ou entendu jeudi soir. Face à la manipulation américaine en Ukraine ou mondialiste sur le coronavirus, je crois bien que, au moins dans mes souvenirs, une part plus importante d’élèves aurait protesté ou aurait même contesté. 

    Désormais, l’attitude la plus audacieuse est de se taire, d’éviter le sujet, de ne pas voir qu’à force de prétendre que la France n’est plus rien, ils ont eu gain de cause : l’énarchie est devenue la force la plus active pour dissoudre la nation dans un bain de multilatéralisme et de mondialisme où nous nous pesons plus rien. 

    Avec beaucoup de naïveté, l’un ou l’autre est venu m’expliquer qu’aucun pays n’était libre, et que l’ordre américain était le bon, à condition d’être débarrassé de Trump, bien entendu. Ceux-là osent dire ce que les autres font mine de ne pas savoir, par confort, par facilité, par paresse : qu’ils ne sont plus rien, qu’ils ont cassé le jouet qui a fait leur carrière, leur prospérité, leur rang social. Au fond, la France disparaît, et ils se sentent honorés de pouvoir éteindre la lumière en partant.

    Bouffée d’oxygène à Abbeville

    Le lendemain, heureusement, je suis parti à Abbeville, et fait exceptionnel, j’y étais sans ma fille. J’ai donc proposé à ma femme d’écumer les soirées d’Abbeville en couple débutant, en quelque sorte. 

    Je profite de cette occasion pour mentionner les très sympathiques soirées du vendredi à la Brasserie Alsacienne à Abbeville, devant le marché couvert. Chaque vendredi, on y danse le disco dans une ambiance bon enfant où les habitués vous accueillent à bras ouverts et se souviennent de vous d’une semaine à l’autre. 

    Ma femme en a profité pour faire la connaissance de Gégé, célébrité locale qui fête ses cinquante ans aujourd’hui, et qui anime avec beaucoup de bonne humeur et de bienveillance la vie locale. C’est l’un des plaisirs de la vie abbevilloise, que de humer les premières effluves de notre bon Nord, où les gens se mélangent par-delà leurs différences, et se respectent sans se préoccuper des classes sociales auxquelles ils appartiennent. 

    Comme nous étions dans la soirée “j’écume les bars”, j’ai ensuite emmené ma femme au Saint-Pierre, où les tribus de la jeunesse abbevilloise se rassemblent avant d’aller en boîte de nuit. En commandant un rhum arrangé pour moi, une bière pour ma femme attablée dans la petite salle d’à-côté, un jeune homme regarde mon alliance et me dit : “avec ça au doigt, tu ne vas pas pouvoir rester longtemps. Madame va te faire ton affaire si tu rentres trop tard”.

    La fascinante intelligence de Sullivan, rencontré au bar

    Ce gaillard est un petit blondinet avec une barbichette de salafiste. Ce doit être la mode. Il a vingt-six ans, le regard rieur et taquin des petits gars de chez nous. Je plaisante avec lui et je vais retrouver ma femme avec mes verres à la main. Quelques minutes plus tard, le gaillard arrive dans la même salle, me voit assis à côté de ma femme et s’esclaffe. 

    Il s’assied à côté de ma femme, en m’expliquant qu’il la trouve vraiment très belle et vraiment plus jeune que moi. Il se présente : il s’appelle Sullivan. Il est du coin. Son père ne l’a pas gâté avec un prénom pareil. Il n’en est pas à sa première bière, et son groupe de copains et de copines, dont aucun n’a trente ans, le regard entre admiration, stupeur et amusement de le voir se coller aux “vieux” de l’assistance. 

    Sullivan commence à raconter sa vie. Il a passé cinq ans dans l’armée. Il a fait des missions, notamment au Mali. Il se souvient d’y avoir accroché deux frères combattant dans les rangs d’AQMI, dont un gamin de douze ans, blessés, qu’ils ont emmené à l’hôpital de campagne. Le petit de douze ans s’est pris un éclat de grenade, et la gangrène a vite gagné. Le chirurgien a demandé au grand frère dans le lit à côté s’il pouvait amputer le petit pour éviter qu’il ne meure. Le grand frère a refusé : un handicapé ne sert à rien dans une famille islamiste du désert. Alors le chirurgien français a laissé mourir le petit, sous les yeux de Sullivan qui aidait à faire des pansements. 

    Quand Sullivan est revenu, sa fiancée l’a quitté. Sullivan fait la fête malgré tout, mais il se réveille souvent la nuit. Il a peur du noir. Il a besoin d’allumer la lumière. Il ne sait pas pourquoi le sommeil l’a quitté. L’armée lui a parlé des troubles post-traumatiques. Il ne sait pas trop, mais il a va aller voir un psychothérapeute parce qu’on lui a dit que ça pourrait lui faire du bien. 

    Sullivan ne doute pas de quelque chose : de son goût pour une société où l’on honore l’héritage des anciens et où l’on honore ce qu’ils ont fait de bien. Et lui, dont la France a été le combat, il sent bien que le combat qu’on mène en Ukraine, ce n’est pas le nôtre. 

    “Je suis un intuitif”, dit-il. “Et là, je sens bien que l’Ukraine, ce n’est pas notre combat. On ne fait pas la guerre pour nous là-bas, mais pour autre chose. Je ne sais pas quoi, mais pour autre chose. “

    Il n’y a pas de haine chez Sullivan, ni d’idéologie, ni de dogme. Il y a des intuitions guidées par la liberté de conscience et le sens sincère du bien. Ce qu’on appelait à une époque la foi du charbonnier.

    Obéissance de la caste et liberté du peuple

    Je ne pouvais évidemment m’empêcher de confronter ici les deux images extrêmes, et extraordinairement contradictoires, d’une caste imbue d’elle-même, hypnotisée, dépersonnalisée, qui ne “sent” rien et s’imagine connaître la réalité, sans jamais chercher à la comprendre, face à un peuple ordinaire resté extraordinairement libre et sincère, à la recherche de sa vérité dans une dense forêt de propagande officielle. 

    Il est beau ce peuple qui s’appuie sur ses intuitions, il est grand, il est prometteur. C’est sur lui que nous devons nous appuyer pour combattre la fausse monnaie de la caste, qui prétend que les vessies sont en réalité des lanternes. 

    “Les masses françaises sont analphabètes”, disait Zemmour récemment. Je voudrais terminer ce reportage par un éloge de l’analphabétisme et de l’illettrisme. Pour être intelligent, je crois bien qu’il ne faut savoir ni lire ni écrire. L’éducation, parce qu’elle est le lieu de l’hégémonie propagandiste, est un obstacle, au fond, pour réussir notre rapport au monde, aux choses, et à la vérité. 

    Bon voilà, en fait, les cons ne sont pas ceux qu’on croit. 

     


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  • Après le 31 juillet, le gouvernement ne pourra plus utiliser le pass vaccinal

    La Première ministre Élisabeth Borne, à l'hôtel Matignon, mercredi 29 juin.

    La Première ministre Elisabeth Borne a présenté jeudi le nouveau projet de loi sanitaire aux présidents des groupes parlementaires. La prolongation du pass vaccinal ou sanitaire n'y figure pas. Cela signifie que l'exécutif devrait passer par une nouvelle loi pour le réactiver.

    La rumeur avait été lancée, notamment par Christian Estrosi. "Le pass vaccinal pourrait être réactivé à partir du 1er août", avait affirmé le maire Horizons de Nice, avant de rétropédaler. Finalement, le gouvernement exclut, selon les informations de France Inter, la possibilité de recourir à cet outil contesté. Le nouveau projet de loi sanitaire ne comprendra que deux articles et met fin à la possibilité, pour l'exécutif, d'activer cet outil de contrôle du statut vaccinal. Il doit prendre le relai, à compter du 1er août, des "mesures de vigilance" qui avaient elles-mêmes succédé à l'état d'urgence sanitaire.

    Le premier article prolonge jusqu'au 31 mars 2023 les dispositifs de surveillance épidémique et d'identification des cas contacts (les fichiers informatiques SI-Dep et Contact Covid). Le second prévoit la possibilité de remettre en place des dispositifs de contrôles aux frontières (certificat de vaccination ou test négatif) si un variant préoccupant se propageait rapidement à l'étranger. Cela signifie que, si l'exécutif souhaitait réactiver un éventuel pass vaccinal ou sanitaire en cas de flambée épidémique, il devrait repasser par un nouveau projet de loi.

    Examiné à l'Assemblée à partir du 5 juillet

    "Le virus circule de nouveau activement, mais l'impact sur le système hospitalier est faible", a assuré la Première ministre Elisabeth Borne aux présidents de groupes parlementaires jeudi, justifiant ainsi la fin de la plupart des mesures attachées à la sortie de l'état d'urgence sanitaire.

    Surtout, en enterrant le fameux pass vaccinal, le gouvernement fait un geste d'apaisement envers les oppositions et tente de s'éviter un débat houleux sur ce texte présenté comme l'un des premiers "tests" pour la majorité relative d'Emmanuel Macron. Ce projet de loi sanitaire sera présenté en début de semaine prochaine en Conseil des ministres et examiné en Commission des lois à l'Assemblée nationale à partir du mardi 5 juillet, avant d'être voté au Parlement courant juillet. De l'avis d'un participant à la réunion du jour à Matignon, il a été "bien accueilli" par les groupes d'opposition.

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  • Olivia Grégoire, porte parole du gouvernement et ex codirigeante d’une agence produisant des faux articles de presse

     Remaniement "dans les prochains jours", annonce Olivia Grégoire - Challenges

    C’est une bombe quasiment passée inaperçue.

    Et pourtant, comme souvent Médiapart révèle une information qui confirme les méthodes louches des proches d’Emmanuel Macron. 

    Médiapart n’a pas agi seul, l’origine de la révélation, on la doit à Julien Fomenta Rosat. Son nom ne vous dit rien et pourtant il a produit un nombre impressionnant d’articles pour divers médias. Mais de manière officielle, il fut engagé pendant plusieurs années par un cabinet travaillant à la fois pour des grandes entreprises privées mais aussi des institutions publiques. Le but: faire écrire des faux articles pour satisfaire des lobbyistes ou favoriser l’activité de riches entrepreneurs.

    Un scandale dans le monde de l’information

    Ce sont des centaines de productions qui se sont retrouvées dans des dizaines de pages de médias subventionnés ou des blogs alternatifs. On y trouve de grands noms comme Les Echos, Huffington Post, Contrepoints mais aussi Médiapart floué comme les autres. Le journal, par l’intermédiaire d’un avocat, va « d’étudier toutes les suites judiciaires pour faire sanctionner des pratiques qui corrompent le débat public, en violant ses règles éthiques et démocratiques ».

    Un système bien rôdé

    La pratique était de diffuser sur des blogs hébergés par la presse en ligne des articles favorables à ses clients sous des identités fictives. C’est ce que raconte Julien Fomenta Rosat au journal Fakir, créé en 1999 par le député d’extrême gauche François Ruffin. D’abord diffusé en Picardie, il connaît un essor national 10 ans plus tard.

    Le journaliste a un cas de conscience lorsqu’on lui demande un article orienté contre François Ruffin. Il contacte alors la rédaction du journal Fakir pour leur expliquer les méthodes du cabinet pour lequel il évolue et dont il ne sait rien, même pas le nom. Il leur explique les sujets de prédilection sur lesquels il doit se faire passer pour un journaliste objectif. On y retrouve de de l’actualité politique internationale, santé, nouvelles technologies. Certains étaient privilégiés comme l’information sur le compteur Linky. Le témoignage de l’employé fait froid dans le dos:

    « On me commande des dizaines et des dizaines d’articles sur les nombreux atouts de Linky, les travaux scientifiques qui attestent de son innocuité et le respect des données collectées. Florilège de titres  : « Quand l’idéologie se bat (et s’incline) contre la science » (24heuresactu.com). « L’incompréhensible campagne de dénigrement du compteur Linky » (Planetebusiness.com). Ou encore  : « Au Canada, l’expérience réussie des compteurs communicants » (Lasantepublique.fr). Parfois, le ton est plus direct  : « Linky  : le refus des particuliers et des communes est illégal » (Juriguide.com). Sur Contrepoints, mon article intitulé « Le compteur Linky mérite-t-il d’être aussi craint ? » déclenche une avalanche de réponses, tout comme ma tribune sur Agoravox.fr  : « Linky  : non, M. Lhomme, nous ne paierons pas pour vos coups de sang. »

    Bref, de faux articles diffusés par des médias nationaux, quasiment une arnaque.

    Entreprise de communication codirigée pendant 2 ans par Olivia Grégoire, porte parole du gouvernement

    Olivia Grégoire est celle que vous entendez sur toutes les chaînes TV depuis quelques jours. Elle a pour rôle de défendre bec et ongle les actions du gouvernement. Elle a intégré la Macronie en 2017 en devenant députée de Paris. Auparavant, en libérale, elle avait collaboré avec Jean Pierre Raffarin et Xavier Bertrand en 2009.

    En 2013, elle rejoint le cabinet conseil en communication appelé I Strat, devenu Avisa Partners, le même cabinet qui a roulé plusieurs organes de presse dans la farine.

    On repassera pour la crédibilité de la nouvelle porte parole. Illustration de l’environnement et de la méthode Macron. Servir les copains et de préférence les plus fortunés et influents.

    Le miroir du Nord, 2022. Dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

    lemiroirdunord 


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  • Réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold: plus de personnel pour la faire tourner !


    Le gouvernement va prendre des dérogations pour permettre au Gazel, exploitant de la centrale, de recruter d'anciens salariés en CDD. Condition nécessaire à sa réouverture cet hiver.

    C'est désormais officiel. Fermée le 31 mars, la centrale à charbon Emile Huchet à Saint-Avold (Moselle) va peut-être reprendre  du service, pour essayer de combler le déficit chronique en production d'électricité de la France. Mais encore faut-il réussir à faire revenir les anciens salariés licenciés il y a trois mois après un plan social.

    Pour que la centrale fonctionne, il est en effet impératif que ces derniers soient réembauchés dès juillet. Ce qui ne devrait pas être une mince affaire: sur les quelque 90 salariés, il n'en reste qu'une dizaine. Tous les autres sont soit en congés de reclassement, soit en pré-retraite, voire en retraite... Or, il faut 70 salariés au minimum pour faire tourner la centrale.

    Une situation problématique qui aurait pu être anticipée, selon Jean-Pierre Damm, délégué FO:

    "Cela fait des mois qu’on sait qu’on aura un problème d’approvisionnement de l’électricité en France l’hiver prochain. Cela fait des mois qu’on sait aussi que la centrale Huchet va s’arrêter au mois de mars et on aurait dû très certainement (…) retarder un tout petit peu la fermeture définitive et garder les salariés".

    Des dérogations pour recruter les anciens salariés

    Dans ce contexte, le gouvernement a été obligé de prendre des mesures dérogatoires qui seront inscrites dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat. Gazel Energie, l'exploitant de la centrale, va ainsi être autorisé à réembaucher ses anciens salariés en CDD entre le 1er juillet 2022 et le 31 décembre 2023.

    L'article précise toutefois que cela se fera "sur la base du volontariat". En cas de refus d'anciens salariés, l'entreprise pourra faire appel "à des compétences extérieures". Encore faut-il trouver les compétences dans des métiers en voie d'extinction.

    Caroline Morisseau
     
    Les allemands rencontrent le même problème de personnel compétent et de sous-traitance technique, sans parler des problèmes techniques liés à l'inutilisation de ces installations complexes. Les énormes turbines à vapeur doivent être régulièrement tournées, sous peine de se courber définitivement et de devenir inutilisables...

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  • "GOULAG, UNE HISTOIRE" Pieds Noirs 9A..
     
    VOUS PROPOSE
     
    "GOULAG, UNE HISTOIRE"
    D'ANNE APPLEBAUM, OUVRAGE DE REFERENCE PARU EN 2003 ET TRADUIT EN FRANCAIS EN 2005.
     
    Voici la notice rédigée par Luba Jurgenson parue dans les Cahiers du monde russe au moment de la sortie du livre.
    Constituant l’une des plus importantes études sur le système concentrationnaire soviétique parues dans le monde anglo-saxon ces dernières années et destinées au grand public, Goulag d'Anne Applebaum, est un excellent ouvrage de synthèse qui a le mérite, d’une part, de récapituler les recherches déjà publiées (le lecteur en trouvera le détail dans une impressionnante bibliographie), d’autre part, de puiser dans un grand nombre de témoignages de survivants, de souvenirs non publiés et de textes d’archives. Diplômée de l’université de Yale, l’auteur a effectué un monumental travail de documentation qui servira de référence pour ceux qui souhaitent s’initier sérieusement à l’histoire soviétique ou acquérir rapidement une vue d’ensemble sur le Goulag.
    Les camps étant une émanation du régime totalitaire, leur histoire fluctue au gré de celle de l’État soviétique. Dans un premier temps, même s’il est clair pour les dirigeants qu’il faut réformer le système pénitentiaire en fonction de la nouvelle conception socialiste du crime, où l’activité anti-étatique devient le délit numéro un et entraîne donc des peines plus lourdes que les crimes de droit commun, on a l’impression d’un tâtonnement pour ce qui est de la méthode. L’organisation, reposant en grande partie sur les responsables locaux, oscille entre un extrême sadisme et un total laisser-aller. Cette période dure jusqu’au grand tournant, l’année 1929 où, ses ennemis écrasés et son pouvoir consolidé, Staline entreprend la collectivisation et l’industrialisation.
    À chaque période historique correspond son propre modèle concentrationnaire. Si celui des années 1920 est représenté par les îles Solovki, un ancien monastère reconverti en pénitencier, le début des années 1930 verra émerger celui du Grand Chantier, le canal de la mer Blanche. Désormais, la réclusion et l’isolement ne suffisent pas pour châtier les ennemis du peuple. Ces derniers doivent payer leur crime en travaillant, situation plutôt paradoxale dans un État où le labeur est censé être la valeur suprême. Cette seconde période est marquée également par la mise au pas de la culture : les écrivains sont désormais utilisés au service de la propagande. On pratique la fameuse refonte, ou rééducation qui privilégie le criminel, proche du peuple et facilement transformable en travailleur de choc, au détriment du politique irrécupérable, car ennemi de classe. C’est donc aux truands que seront confiés les postes qui permettent de survivre : surveillants, chefs de baraque, normeurs, cuisiniers, etc. Vient ensuite la Grande Terreur, pendant laquelle le système s’étend à l’ensemble du pays, avec ses grands complexes concentrationnaires et ses petites « missions », envahissant, somme toute, d’assez vastes territoires et devenant partenaire incontournable de toutes les branches de l’économie. Là encore, un nouveau modèle émerge : la Kolyma, avec ses gisements aurifères que le gouvernement tsariste n’avait pas réussi à exploiter véritablement à cause des conditions climatiques : pendant l’hiver, qui dure neuf mois, les températures atteignent presque – 60˚. Qu’à cela ne tienne : rien n’est impossible pour l’homme soviétique. Ces chantiers, qui tuaient en trois semaines, engloutirent des centaines de milliers de détenus.
    Vers la fin des années 1930, le système est forgé et restera plus ou moins stable jusqu’à la fin du stalinisme. Ici, la première partie du livre prend fin. La seconde, plutôt sociologique ou anthropologique, montre l’organisation de la société concentrationnaire, le travail, les stratégies de survie, la mort, les révoltes et les évasions. Le fonctionnement des camps nous est déjà assez bien connu, notamment à travers les témoignages d’Aleksandr Solženicyn, de Varlam Šalamov, d’Anatolij Žigulin et d’autres. L’étude d’Anne Applebaum est ici précieuse non tant par son analyse, rigoureuse mais pas très originale, que par des incursions très approfondies dans le détail de la vie concentrationnaire, témoignages à l’appui, et des documents précieux éclairant la biographie de certains personnages, par exemple les grands chefs des camps, tels que Frenkel, chef de chantier au canal de la mer Blanche et inventeur de la fameuse « échelle du ventre », qui consistait à calculer la ration selon le travail effectué et à éliminer ceux qui ne remplissaient pas la norme ; ou encore Berzin, le premier chef du Dal´stroj, auteur du projet de mise en valeur de la Kolyma, et Nikišov, l’un de ses successeurs.
    Dans la troisième partie, la trame chronologique est reprise. La guerre apporte la famine et met fin aux exécutions de masse dans la plupart des lieux de détention, car la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir partout. Après la guerre, l’atmosphère dans les camps change. Le nombre de prisonniers s’accroît brusquement à la suite des arrestations massives en Ukraine occidentale et dans les pays Baltes. Le rapport de force entre politiques et truands, dû à l’arrivée massive d’invidus capables de manier les armes et ayant parfois connu des camps nazis, se modifie. Les autorités sont obligées d’en tenir compte. Le monde criminel lui-même est déchiré par une guerre sans merci : le partage du territoire entre les vétérans des bataillons disciplinaires, qui ont « servi l’État », et ceux qui s’en sont abstenu en vertu de leur code d’honneur. Une série de révoltes éclate parmi les détenus « politiques ». Puis, c’est la mort de Staline. Le modèle du camp stalinien, avec la mort pour horizon proche, ne sera pas renouvelé. Mais les amnistiés et les réhabilités ne retrouvent pas pour autant la liberté, ni ne peuvent révéler ce qu’ils ont vécu et, après une brève période de libéralisation, de nouvelles répressions auront lieu jusqu’à la perestroïka. Pendant la période dite de stagnation, notamment, apparaît une nouvelle catégorie de détenus politiques, appelés les dissidents, punis par la prison et le camp ou internés dans des hôpitaux psychiatriques.
    Bien que l’acronyme « Goulag » soit apparu en 1931, après la réorganisation du système pénitentiaire par l’OGPU, il est ici utilisé au sens large, pour désigner l’ensemble des camps et des prisons, embrassant ainsi toute la période d’existence de l’État soviétique.
    Anne Applebaum a travaillé dans les archives de Moscou, de Saint-Pétersbourg, d’Arkhangelsk, de Petrozavodsk, de Londres, s’est rendue dans les musées de Vorkouta et des Solovki et a effectué une trentaine d’interviews avec des survivants ou des descendants de déportés, dans plusieurs villes de Russie et à Londres. Elle a obtenu ainsi des documents originaux qui enrichissent l’horizon du chercheur. Elle cite également de nombreux livres de mémoires qui donnent un éclairage nouveau, par exemple les souvenirs de Henry Wallace parus en 1946 aux États-Unis, qui relatent l’unique voyage d’un Américain à la Kolyma à cette époque et montrent à quel point il a été abusé par la mise en scène préparée à son intention (tandis que Varlam Šalamov, dans les Récits de la Kolyma, fait plutôt de Wallace une sorte d’instance de la vérité).
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