Un demandeur d'asile fait condamner la préfecture du Cher
Photo d'archives - Agence BOURGES
Saisi d’un référé-liberté, le tribunal administratif d’Orléans a condamné la préfecture du Cher à héberger un demandeur d’asile laissé à la rue.
C’est une petite victoire, mais pour Gagyk elle n’a pas de prix. Mercredi, le tribunal administratif d’Orléans a fait droit à la requête de ce demandeur d’asile à la nationalité incertaine, en condamnant la préfecture du Cher à lui trouver une place d’hébergement.
Pour cet homme plus tout jeune, à la santé précaire de surcroît, voilà qui fait toute la différence. Car après avoir séjourné au foyer Saint-François, Gagyk avait dû, faute de place dans les structures d’accueil du Cher, dormir à la belle étoile.
Quarante-huit heures pour une solution
Au terme de cette procédure de référé-liberté, la préfecture du Cher dispose de quarante-huit heures pour lui proposer une solution. « Car la loi fait obligation à l’État d’héberger les demandeurs d’asile le temps que leur dossier soit traité », rappelle Christiane Carlut, de la section du Cher du Comité de vigilance pour la défense des droits des étrangers.
Confronté au même problème, William, un ressortissant de République démocratique du Congo, a lui été débouté par les juges orléanais. Ils ont estimé que, touchant l’aide aux demandeurs d’asile (ADA), William pouvait subvenir à ses besoins.
« La question qui se pose dès lors, c’est de savoir comment il peut se nourrir, se loger, se vêtir, bref, survivre avec l’ADA, soit 11 euros par jour », résume Christiane Carlut.
« Personnes vulnérables »
Mais le comité de vigilance doit se battre sur d’autres fronts. Aujourd’hui, il dénombre – et tente d’aider – sept personnes livrées à elles-mêmes lorsque tombe la nuit sur les rues de Bourges. Christiane Carlut cite notamment le cas d’une femme seule et surtout celui d’une famille kosovare de trois personnes : le père, la mère et un enfant âgé d’à peine plus de deux ans. Et voilà selon elle trois nuits que ça dure.
« C’est d’autant plus révoltant que M. Bergeron (le directeur départemental de la cohésion sociale et de la protection des populations, NDLR) assure tout faire pour qu’aucune personne vulnérable ne se retrouve à la rue… Nous, on ne peut malheureusement rien faire d’autre que de leur fournir des couvertures. Mais les voir repartir dans la nuit, je vous jure, ça serre le cœur. »
Réagissant mardi dans nos colonnes à la situation de Gagyk et de William, Thierry Bergeron, que nous n’avons pas pu joindre hier, avait invoqué le fait que l’obligation de loger les demandeurs d’asile se heurte à un nombre insuffisant de places d’hébergement offertes. « Parfois, la demande est supérieure aux places disponibles », plaidait-il.
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